Retrato de mi madre / Portrait de ma mère
A Sebastián y Federico Martínez, mis amigos.
Supe que estaba dejando atrás el duelo por la muerte de mi
madre cuando su voz se fue desvaneciendo, cuando la textura de su timbre y sus
modulaciones, con los que me ordenó hacer la cama de mi cuarto y sacar la
basura, con los que me rezongó con y sin motivo e intercambiamos algunos
pareceres, se fueron convirtiendo en un ruido apenas audible, un murmullo del
pasado que ya no llegaba al presente sino como un espectro indefenso al que podía
vencer con apenas un soplido.
Un fragmento entero de mi infancia se perdió en ese
murmullo: indistinguible de las vibraciones del recuerdo que aun se empecinan
en permanecer, agónicas, en alguna fotografía, su voz se desgranuló sin
consuelo, perdiéndose para siempre como huella de su cuerpo, de su carácter y
del afecto que, a cuenta gotas, me dio primero y me dispensó después hasta su
muerte.
Su materia solo queda en alguna imagen retenida furiosamente
en la memoria. Fuera de esta, ya no existe en el pedazo de tierra que hubo de
funcionar como su tumba, ni en los relatos que contamos, una y otra vez, en
alguna fecha especial, merecedora de la evocación. Ya en otro tiempo y otro
espacio, en una paralaje inaccesible, la figura de mi madre es un tenue
pixelado indefinido que puedo acercar para ver siempre lo mismo.
***
J’ai su que je faisais le deuil
de ma mère quand sa voix, peu à peu, s’est dissipée, quand la texture de son
timbre et ses modulations, avec lesquels elle m’a dit de faire mon lit et de
sortir la poubelle, avec lesquels elle m’a réprimandé avec ou sans motif et
nous avons échangé quelques points de vue, sont devenus un bruit à peine audible,
un murmure du passé qui n’arrivait au présent que comme un spectre sans défense
que je pouvais vaincre d’un simple souffle.
Un passage entier de mon
enfance s’est perdu dans ce murmure: imperceptible parmi les vibrations
de ce souvenir qui s’obstinent encore à subsister, agoniques, sur des photos,
sa voix s’est délayée sans aucune consolation, se perdant pour toujours comme
une empreinte de son corps, de son caractère et de l’affection qu’elle m’a
d’abord donnée, au compte-gouttes, et qu’elle m’a ensuite octroyée jusqu’à sa
mort.
Sa matière ne se trouve plus
que sur certaines images furieusement gravées dans ma mémoire. En dehors de
cela, elle n’existe plus dans ce bout de terre qui a servi de tombe, ni dans
les histoires que nous racontons, à maintes reprises, en ces dates spéciales
qui méritent son évocation. Dans un autre temps et un autre espace, dans une
parallaxe inaccessible, la figure de ma mère est une mince pixellisation
indéfinie que je peux rapprocher, pour toujours voir la même chose.
Traducción: Audrey Mac-Pherson.
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